Relation/Famille/Statut d'Atalïn
mère : Varalysë Vaïoleen (fée)
père : inconnu (fée?)
demi-frère : Fark
père de Fark : Vanimeer Taganos (humain) ]
Fark
Je n’ai pas toujours été aussi malheureux qu’aujourd’hui. C’est vrai. Avant tout allait bien. J’avais la plus belle et la plus adorable des mamans. Elle faisait la joie de la maison. Maman était une fée et elle avait accepté de suivre papa à Caletha Rivne et de s’y installer avec nous. Dans la rue, tout le monde la regardait et papa et moi étions fiers. Surtout moi d’ailleurs car si papa et maman étaient liés par des sentiments, maman et moi partagions le même sang. Je savais que c’était encore plus fort. Mais je gardai pour moi cette pensée.
Je ne connais pas Cehilan le pays des fées et n’y ai jamais été. Maman y retournait parfois, quelques temps et nous revenait toujours plus belle que jamais. Mais elle ne nous emmenait pas. Papa et moi en avons pris l’habitude. Si elle avait besoin de rentrer chez elle pour se ressourcer, on n’allait pas l’en empêcher. Surtout que chaque fois qu’elle rentrait, elle semblait plus amoureuse. Papa et maman s’enfermaient des heures pour se faire des câlins. Papa en ressortait souvent épuisé d’ailleurs c’était rigolo. Et moi j’avais de nouveau ma maman.
J’étais heureux avant. J’aimais ma maman et j’étais fier d’avoir hérité de ses beaux cheveux argentés et de ses ailes (même si elles ne me permettaient pas de voler car à cause de mon métissage humain, elles étaient un peu petites pour moi).
Mais plus tard tout à changé.
Je crois… Je crois bien que c’est le jour où maman est rentrée et qu’elle ne s’est pas enfermée avec papa. A vrai dire, ce jour là, elle avait plutôt l’air triste et fatigué. Peut être parce qu’il ne faisait pas beau. Ou parce que son absence avait duré plusieurs mois cette fois-là. Ou alors à cause du bébé. Oui, Maman était rentrée avec un bébé dans les bras. Moi j’étais drôlement content qu’elle soit allée me cueillir un bébé dans les jardins magiques de Cehilan. Maman me l’a montré et j’ai vu une toute petite fille. Mais alors vraiment petite. Je me demande si j’étais aussi minuscule quand maman m’a cueilli moi. Maman me l'a mise dans les bras en me demandant :
- Tiens mon chéri. Tu peux garder ta petite sœur s’il te plait ? Je ne me sens pas très bien. Elle s’appelle Atalïn, ce qui signifie « amour ». Tu me promets d'en prendre grand soin d’accord ?
J’ai promis et elle est allée se coucher après m’avoir embrassé. Cette nuit là, elle n’a pas laissé papa la rejoindre.
Papa a fait du feu dans la cheminée et s’est assis auprès de l’âtre, le visage fermé. Moi j’avais mis Atalïn dans un panier et je lui chantais des chansons. Des chansons de fée, comme maman en chantait pour moi mais c’était quand même moins bien avec ma voix. Je ne suis pas sûr mais il me semble que maman pleurait dans la chambre. Je crois me souvenir de sanglots étouffés. Et papa regardait la porte avec une expression douloureuse sur le visage. Il devait être triste que maman aille si mal. Et moi je me demandais pourquoi elle ne le laissait pas la consoler. Puis j’ai fini par m’endormir.
Le lendemain matin, ce sont les gazouillis d’Atalïn qui m’ont réveillé. J’ai souri à ma petite sœur et je l’ai prise dans mes bras. Je savais qu’il fallait faire attention à ne pas la faire tomber mais elle était si légère que c’était facile. C’est alors que j’ai croisé le regard de papa. Dur, froid, dangereux. Il semblait celui d’un serpent venimeux prêt à mordre. Et de toute sa haine, il fixait le bébé dans mes bras. Par réflexe, j’ai serré ma petite sœur contre moi et défié mon père du regard. Quand ses yeux ont croisé les miens, ils m’ont fait froid dans le dos. Je me suis senti insignifiant et surtout, je ne comprenais pas la raison d’une telle attitude. J’ai baissé le regard.
J’ai entendu papa se lever brusquement, rentrer dans la chambre et en claquer la porte. Et puis il y a eu les voix. Tout d’abord les supplications de papa, ses demandes d’explication, les pleurs de maman ; tout cela est allé crescendo jusqu’aux cris. De rage pour papa et de désespoir pour maman. Pendant ce temps, j’essayais de me fermer à ce qui se passait entre eux, focalisant mon attention sur la petite fille aux yeux dorés sur mes genoux. Des yeux d’or… Etrange. Ils étaient beaux ses yeux. Je n’en avais jamais vus de semblables. En tout cas ni chez maman, ni chez papa et ni chez aucun des passants de Caletha Rivne. Et puis il y avait ses ailes. Proportionnellement plus grandes que les miennes, plus délicates aussi. Ainsi que ce nom : Atalïn. De quelle origine était il ? Jamais je n’avais entendu de mot semblable.
Je dois dire que même si je n’étais pas très vieux, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de bizarre. Sans savoir quoi.
Et puis il y a eu un hurlement pire que tout, à me glacer le sang. Et de gros sanglots. De papa cette fois. J’ai posé Atalïn et je suis allé voir. Lorsque j’ai ouvert la porte, maman était étendue sur le lit, les yeux clos. Sauf qu’elle ne semblait pas dormir. Et papa la secouait en pleurant.
- Noooooooon ! Non pitié ! Je suis désolé, réveille toi ! Varalysë mon amour réveille toi ! Je suis désolé je te pardonne mais ouvre les yeux ! Je t’en supplie … regarde moi…
Cette scène est gravée en moi à jamais. Il y a eu comme une tempête de neige à l’intérieur de ma poitrine. Je me suis senti mal. Mais j’ai refermé la porte et je suis retourné m’asseoir auprès de ma petite sœur. J’ai regardé avec méfiance ce petit être qui ne ressemblait à personne de ma famille. Et puis elle m’a fait un sourire. Alors j’ai fondu. Je l’ai prise dans mes bras et j’ai laissé libre cours à mon chagrin. Car je n’avais plus de maman. Je le savais bien, moi. Ma maman… Il ne me restait d’elle que ce bébé dont elle m’avait fait promettre de m’occuper, de protéger.
Maman…