Présents
Après le dîner ils avaient fait le chemin en sens inverse. Elle essaya bien de le décider à la laisser marcher, même pieds nus, mais il refusa qu'elle salisse sa robe. Le retour fut ponctué de quelques pauses, quand il trouvait un banc où la percher.
Ils se rendirent au dortoir des garçons dans la chambre de Chris. En apesanteur dans ses bras, elle était bien, légère, lui étreignant le cou. Il la posa à terre mais elle ne desserra ses bras d'autour de son cou que pour les renouer autour de sa taille, se serrant contre lui. Christopher lui rendit son étreinte.
Les minutes passèrent sans qu'aucun ne bouge.
- Tu m'enlèves ma robe ?
Vu leur position ce ne serait pas facile.
- Non.
- Pourquoi ?
- Avant, j'ai quelque chose à t'offrir. Tu te détaches de moi ?
- Non.
Elle resserra ses bras.
Il resta un instant sans bouger puis se déplaça vers son lit, Draca toujours collée contre lui. Il s'y assirent et d'une main il farfouilla sous son oreiller jusqu'à trouver ce qu'il cherchait.
- Ma rêveuse ?
- Mmmh ?
- Tu veux bien regarder s'il te plait ?
Elle ouvrit les yeux. Christopher lui présentait un petit écrin à bijou fermé. Elle ne put retenir un « oh ! » de surprise. Elle lâcha Chris et tendit les mains vers l'écrin, sans pourtant oser le saisir.
- Tu ne le veux pas ?
- Si mais… je n'ose pas l'ouvrir… fais le toi.
Il se mit à soulever le couvercle avec une lenteur déconcertante, de façon à faire durer le suspens. Draca avait les yeux rivés sur la boîte et attendait fébrilement de voir ce qu'elle abritait. Le petit manège amusait Christopher. Elle ne tenait plus. Alors, avec un grand sourire, il dévoila enfin son présent.
Draca resta muette de stupeur quelques instants en contemplant la superbe opale de feu au bout d'une fine chaînette d'or. Une merveille.
Elle joignit les mains et souffla :
- C'est magnifique…
Lui ne disait rien, l'observait tendrement et sentait son cœur se gonfler de joie de voir que son présent lui faisait tant plaisir.
Elle releva la tête et posa sur lui un regard empli de tendresse et de passion mêlées. Elle voulut le remercier mais les mots ne sortaient pas. Alors elle saisit doucement son visage entre ses mains, le rapprocha du sien et l'embrassa longuement.
Chris éloigna le cadeau pour, sans détacher ses lèvres de celles de Draca, rapprocher cette dernière et la serrer tout contre lui.
A la fin de ce long baiser, qui était loin d'être le dernier, ils se sourirent, les yeux pleins d'étoiles, le cœur débordant de tendresse.
- Tu me le mets ?
- Bien sûr, tourne toi.
Il dégagea sa nuque d'une main, rassemblant la chevelure noire de Draca d'un côté de son visage, puis passa la chaîne autour de son cou, attacha le fermoir sans effleurer sa peau et lui demanda de se retourner. Quand elle lui fit face, il prit garde à bien centrer le pendentif. Là. C'était parfait.
- Surtout ne bouge pas.
- Je n'ai pas le droit de me voir ?
- Après.
Christopher alla chercher son carton à dessin, en sortit une feuille vierge, saisit un fusain, revint s'asseoir face à Draca et se mit à la croquer.
Si la passion de Christopher était le dessin, son modèle préféré était Draca.
Quand il eut terminé, il le montra à sa muse qui le trouva très réussi. Comme tous les autres. Il l'invita à voir dans un miroir l'effet produit par le cadeau à son cou.
Ils se levèrent et il la mena par les épaules vers la glace de son armoire. Le reflet leur montra une Draca émerveillée décorée d'un éclat de soleil et un Christopher la couvant du regard, heureux.
Draca sourit, imitée par son reflet.
- Dis, tu pourrais nous dessiner là, comme ça ?
- Tu aimerais ?
- Oh oui !
- Je n'ai pas l'habitude des autoportraits, mais d'accord. J'espère que tu n'es pas fatiguée, ça risque de prendre un peu de temps.
- Pas maintenant… Essaie de graver cette image dans ta mémoire pour la dessiner demain.
- D'accord.
D'une main, il dégagea la nuque de Draca et y posa un baiser qui la fit frissonner de plaisir. Il parcourut son épaule et son dos de ses lèvres, elle ferma les yeux. Il délaça sa robe et la fit glisser à ses pieds. Elle se retourna vers lui et se mit à l'effeuiller à son tour tandis qu'il faisait suivre à ses légers sous-vêtements blancs le même chemin que la robe.
Il lui ôta le diadème et allait détacher le collier quand elle le retint. Elle voulait le garder.
Ils s'embrassaient encore quand il la souleva de terre comme une princesse et la mena jusqu'au lit.
Enfin il claqua des doigts et la lumière s'éteignit…
* * *
Après s'être mutuellement donné du plaisir et être montés, ensemble, toujours plus haut, ils retombèrent, aussi légèrement que des feuilles d'automne, tous les deux sur un nid de plumes. Essoufflés, épuisés, heureux et détendus, ils riaient.
Après les instants d'euphorie, Draca attira la tête de Chris sur son cœur et passa la main dans ses cheveux fous. Elle lui murmura :
- Tu ne me demandes pas si je t'offre quelque chose ?
- Tu sais ce n'est pas le cadeau qui compte, je…
- Demande moi.
- Tu ne m'offres rien ?
- Si : moi.
Il resta coi quelques secondes puis rit. Qu'elle le laisse se reprendre et il profiterait de son cadeau en lui faisant de nouveau l'amour.
- Ce n'est pas ce que je veux dire. Chris, je ne t'offre pas que mon corps, il y a aussi mon coeur et mon âme. A partir de ce moment et pour le temps que tu voudras, je suis à toi. Je sui ta Draca.
Il ne dit rien, assimilant ce qu'elle venait de lui offrir. Son cœur s'était arrêté. Il était bien plus ému qu'il ne voulait le laisser paraître. Heureusement qu'ils étaient plongés dans l'obscurité car sur son visage son trouble était bien visible.
- Je t'Aime Chris.
Le cœur de Chris fit un bond violent en entendant ces mots. Draca et lui s'aimaient de puis longtemps, c'était une certitude. Mais ils ne se l'étaient jamais dit, partant du principe que les mots étaient superflus vu que leurs gestes et leurs regards trahissaient déjà l'intensité de leurs sentiments.
Pourtant, l'entendre de vive voix de Draca, c'était encore plus fort, ça le touchait plus profond.
- Moi aussi je t'Aime Draca.
Il se mit sur le côté et l'attira contre lui. Leurs deux cœurs battaient en accord. L'atmosphère autour d'eux n'était qu'amour, passion et tendresse.
- Chris ?
- Oui ?
- On peut quand même faire l'amour… ?
Il éclata de rire et se mit à la couvrir de baisers, ils échangèrent mille caresses, mille gestes tendres, remontèrent tout là-haut et en retombèrent encore.
Cette fois ils ne riaient pas mais souriaient, apaisés. Dans les bras de Chris, au chaud et en sécurité, Draca ferma les yeux. Elle commençait à s'endormir quand Chris, les yeux ouverts dans la pénombre, demanda :
- Le temps que je veux ?
- Oui.
- Alors pour toujours.