Tout d'abord il y a eu l'accident. Un accident de voiture.
C'était un vendredi soir en 1998. Diane était à la maison. On devait passer le week end toutes les deux. C'était chouette, on sa'amusait, on riait. Bien sûr maman avait l'air inquiète, je ne sais plus trop pour quoi. je crois que tonton et elle n'avaient pas de nouvelles de tatie qui était avec Maëva à la fête de son école. Mais je n'ai pas senti cette tension. Le téléphone a sonné. J'ai décroché. En riant. C'était tonton. Je m'en rappelle. Je me rappelle de ces mots...
"- Allô? (voix joyeuse)
- C'est tonton. (voix basse et lourde)
- Ah tonton! Alors? Tu as des nouvelles de tatie et Maë? (voix toujours enjouée - comment aurais-je pu imaginer?)
- Il y a eu un accident. Ta tante est à l'hôpital. (voix basse, et si pleine de chagrin contenu)
- Et Maëva? (question affolée, maintenant que je sais, je sui moi aussi très inquiète. J'ai peur)
- Maëva... elle n'est plus là... (voix qui se brise)
- Elle est morte? (moi totalement incrédule)
- ... (silence lourd de signification)"
J'ai lâché le téléphone. Je me suis retournée et j'ai vu maman derrière moi. J'ai crié "elle est morte! Elle est morte!" Maman a fait un visage... décomposé. Je suppose qu'elle a dû penser que je parlais de sa soeur. J'ai traversé la maison en courant, j'ai rejoint Diane dans le couloir. Et puis je ne sais plus. j'ai pleuré bien sûr. Mais je ne sais plus. J'en ai reparlé avec Diane une fois. Elle m'a dit que j'étais complètement hystérique.
Cet accident... combien de fois ai-je rêvé qu'il n'avait pas eu lieu? Mais ce qui a été fait ne peut être défait. J'ai inventé une histoire, dans laquelle je faisais des bonds incontrôlés dans le temps et dans l'espace. A un moment, je me suis retrouvée pas très loin d'une route. Il faisait nuit. Même si je ne connaissais pas ce lieu, j'ai tout de suite su où j'étais. J'ai entendu des voitures arriver. Je me suis mise à courire de toutes mes forces vers la route. Il ne fallait pas que cela arrive, non! Je ne le voulais pas. Je priais de toutes mes forces en courant. Mais quand je suis arrivée au bord de la route, ça n'a été que pour voir la collision. La force du choc des voitures l'une contre l'autre! J'ai hurlé, hurlé... Je suis tombée... Même dans une histoire je n'avais pu empêcher cet événement... Même pas en histoire...
Elle n'avait pas encore 8 ans. Les enfants ne devraient jamais partir avant les parents.
C'était la première fois que je perdais quelqu'un. Ma cousine. La petite soeur de Maïa.
Toute la famille a été touchée. Mais Maïa et ses parents bien plus que les autres.
C'est là que je n'ai pas su quoi faire pour Maïa, comment réagir, comment me comporter... j'ai tout laissé passer, mais il faut dir que l'on est jamais préparé à ce genre de chose...
Et tonton. tonton, mon super tonton, un homme bon, un homme bien. Je m'entendais très bien avec lui. Nous pouvions parler de tout, il savait plein de choses. Et il était adorable! J'adorais passer le voir. Nous parlions. nous nous confiions l'un à l'autre. Il était triste tonton. Il ne savait pas quoi faire pour Maïa lui non plus. Bien sûr qu'ils s'aimaient le père et la fille, mais trop de chagrin pouvait rendre les rapports difficiles parfois, on se braque, on se protègé, le coeur est déjà si profondément blessé... Ne pas le faire souffrir plus. Même si pour cela il faut paraitre dur... en surface...
Mon tonton m'a accompagnée et encouragée de nombreuses fois. Il croyait en moi, lui. Et moi je l'écoutais. je ne faisais pas grand chose - comment aurais-je pu? - mais au moins j'étais là. Et je sais que c'était déjà bien. Des moments d'apaisement.
Et puis l'année dernière il nous a quitté. Il allait très bien physiquement. Mais son coeur trop lourd, a lâché. Un jour comme ça, dans la rue. Et Il n'y a eu personne pour réagir dans l'urgence. Et c'est ainsi qu'il n'a plus été. Et moi qui voulais lui parler d'une certaine chise, je n'ai jamais pu. Mais cela m'a fait réfléchir. Et j'ai pris une décision. Une décision qui m'a menée où je suis aujourd'hui. Même en étant absent il était encore là. Merci tonton. C'est comme au BTS. Durant une épreuve j'ai eu envie de tout laisser tomber. mais quelque chose m'a poussée à continuer, j'ai donc écrit jusqu'au bout, à en avoir mal à la main. Je sais que c'était lui. Car il croyait en moi. Et j'ai eu mon BTS.
J'ai toujours la montre qu'il m'a offerte. Elle est très jolie, fine, féminine, même légèrement elfique. mais je ne la mets plus. j'ai trop peur de la perdre. J'ai aussi une jolie robe blanche et le plus beau de mes diadèmes. Quand je les mettrai pour mon bien-aimé, ce sera aussi pour te rendre hommage tonton. car tu restes dans mon coeur et dans mes pensées. Avec Maëva.
Ce qui est bien c'est que vous vous êtes retrouvés. Elle n'est plus seule maintenant. Et vous veillez sur Maïa, n'est-ce pas? Merci...
Cet article est personnel. J'imagine qu'il faut que je m'excuse de le poster sur mon blog qui par définition est public. Alors je vous demande pardon. Mais il y a des pensées comme cela qu'il me faut retranscrire à la plume. Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça. Je voulais leur rendre hommage à ma façon. Ce texte pourrait être mieux, mais comprenez qu'il exprime mes pensées. Je l'ai écrit sans réfléchir. J'ai laissé mon ceur parler pour moi. Voilà...
Tout d'abord, je voulais te dire que c'est extrêmement émouvant, ton article m'a vraiment serré le coeur...
Et surtout, tu n'as pas à t'excuser de poster ça sur ton blog! "Ton" blog, ça dit bien ce que ça veut dire, c'est un espace public puisqu'on peut le visiter, mais il est à toi, tu as le droit de tout mettre! Et surtout quand ce sont des choses qui te perturbent, si on peut simplement te dire qu'on te soutient, qu'on t'encourage, et qu'on pense à toi...
Tiens, j'écoute en ce moment le Miserere d'Allegri... Je dédie ces quelques minutes de pure beauté à ton oncle, que je n'ai vu qu'une fois mais que j'ai trouvé très gentil, ainsi qu'à la soeur de Maïa, ainsi qu'à tous les gens dont la perte nous pèse...
câlinous...