Nuit écarlate
Cette histoire n'est ni pour les enfants, ni pour les âmes sensibles. Si vous vous reconnaissez dans une de ces catégories, veuillez passer votre chemin. Cette histoire est tout ce qu'il y a de plus réel. Je ne change ni n'enjolive ou n'enlaidis quoi que ce soit. Je tiens juste à rapporter la vérité sur ce qui s'est passé.
Chapitre 1 ~ Ténèbres
Au centre d'une crypte à peine éclairée par quelques torches, et dont les murs suintaient d'humidité et de vermine grouillante, se dressait un autel taillé dans de la pierre poreuse. Une pierre dont la couleur sombre avait quelque chose de malsain. Sur l'autel se trouvait une femme en train de mettre bas et autour de laquelle psalmodiaient 13 silhouettes encapuchonnées. Un nom ressortait souvent de leur litanie : Valnor.
La femme ahanait en pleurant. Une peur atroce la paralysait et la douleur déchirait ses entrailles : le bébé venait. Elle avait conscience de ce qui se passait autour d'elle et ne voulait pas finir ici, pas comme ça. Les réflexes naturels prirent le pas sur la panique qui s'emparait d'elle et la femme se mit à pousser. Tandis qu'elle haletait de plus en plus fort et que son col s'ouvrait, les voix des silhouettes prenaient de l'ampleur et leur débit s'accélérait. Les yeux révulsés, la femme s'arc-bouta et poussa un long hurlement qui résonna à travers le lieu, puis elle retomba en arrière, vidée de ses forces et l'on entendit bientôt le vagissement d'un nouveau-né.
L'une des silhouettes se saisit du bébé et sa mère tendit les bras vers lui. Le nouveau né fut déposé à plat dos sur la poitrine de celle qui lui avait donné le jour. Malgré l'horreur de la situation, cette dernière ne put empêcher un faible sourire de se dessiner sur ses lèvres : son enfant était en parfaite santé.
C'est alors que l'un des adeptes leva bien haut son épée pour en transpercer le cœur du bébé ainsi que celui de la mère, les empalant tous deux, ensemble sur la même lame.
Et ce fut le silence complet. En tendant bien l'oreille on pouvait peut être entendre l'écoulement du sang sur les dalles du sol. Mais seulement avec une ouïe bien exercée.
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Iskandar s'en repartait avec une pleine cassette de zoris. Si seulement il pouvait chaque fois gagner autant ! Mais, si les femmes en fin de grossesse valaient leur pesant d'or, il était en revanche fort difficile de s'en procurer. Mais l'homme ne s'en plaignait pas, il arrivait à faire d'intéressants bénéfices. La vente d'esclaves était un commerce très lucratif. Bien sûr il fallait bien choisir ses clients. Mais Iskandar en avait déjà quelques uns.
Il y avait d'abord ceux de ce soir : une bande de puissants seigneurs de différents peuples qui se réunissaient afin de louer Valnor. Iskandar exécrait ces couards qui se cachaient afin de dédier de ténébreuses messes au plus grand Ennemi d'Adreis. Valnor était la lie de ce monde. Qu'il accepte ou non les vénérations dont il était l'objet, il tuerait tous les adreniens jusqu'au dernier, ses fervents partisans y compris. Avec Valnor s'il n'y avait qu'une chose juste, c'était bien le pied d'égalité sur lequel il les avait tous placés face à la mort.
Son autre client le plus fidèle était un archiprêtre Ilymis répondant au nom stupide et pompeux de Cyrumen del Arkonius. Cet homme dévoué à Dieu avait de terribles vices cachés : il aimait plus qu'il ne le fallait passer du temps en compagnie de jeunes enfants (ce qui était facile à trouver). Iskandar ne savait pas exactement ce qu'il en faisait, même s'il en avait une vague idée mais cela ne lui importait guère. Son but était d'amasser de l'or, beaucoup d'or. Tant que ses clients le payaient comptant, ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient de leurs acquisitions.
Le dernier caprice d'Arkonius pouvait lui rapporter gros. En espérant qu'il ait ce qu'il désirait. L'archiprêtre n'avait pas été précis dans sa demande. Il exigeait un « ange de pureté ». C'était tout ce qu'il avait dit. Mais il lui avait promis une somme énorme s'il réussissait à le lui procurer.
En arrivant devant chez lui, Iskandar reconnut le carrosse qui attendait là. C'était celui de son deuxième meilleur client, justement. Bien. Cela annonçait des affaires et la reconnaissance – il l'espérait - de son génie.
Arkonius descendit de son carrosse. Les deux hommes se saluèrent poliment mais assez froidement. Il régnait entre eux une antipathie certaine et chacun n'avait de contact avec l'autre que par intérêt.
Iskandar ouvrit la porte et entra suivi d'Arkonius et de deux porteurs. Ceux-ci posèrent au sol un grand coffre dont l'archiprêtre souleva le couvercle, dévoilant une impressionnante quantité de zoris.
Après avoir laissé Iskandar se faire une idée du magot ainsi amassé, l'Ilymis referma le coffre et interrogea :
- Et maintenant, où se trouve-t-il ?
- Mais par ici Monseigneur. Si vous voulez bien me suivre…
Longeant un couloir, il s'arrêta devant une porte, prit une inspiration et la poussa.
Madame de Montespan voulant être toujours aimé de Roi faisait faire des messes noires en sacrifiant sur l'autel des nouveau~nés .
Ambiance glauque mais j'aimerais connaître la suite... Vite ^.^