Chapitre 2 ~ La marionnette
La porte s'ouvrit sur une pièce tendue de voiles rouges au centre de laquelle se trouvait une couche. Sans tête ni pied de lit, celle-ci ressemblait à un autel couvert de velours carmin sur lequel se trouvait la chose promise. La tête tombant sur la poitrine et de longs cheveux sombres cachant son visage, l'être n'était maintenu dans sa position agenouillée que par des fils rouges à ses poignets. Des fils tombant du plafond. Elle ressemblait à une marionnette cassée.
Les deux hommes s'approchèrent. Iskandar la désigna de la main.
- Le voici votre ange de pureté. Admirez ! N'est-elle pas magnifique ?
L'archiprêtre observait les jolies courbes et la peau d'albâtre d'un œil critique. Il ne semblait guère emballé. Ce n'est pas ainsi qu'il imaginait son ange, qu'il le souhaitait. Il faut dire que ses goûts personnels portaient sur les plus jeunes, garçons et filles confondus. Eux si tendres, si doux, qui ne connaissaient rien avant de le rencontrer lui. Détruire ces petits êtres lui procurait chaque fois un très agréable plaisir. Avec chacun d'eux il ne s'amusait qu'une unique fois, mais il vivait ce moment intensément, profitant de tout : ses sensations, leurs réactions… Et une fois qu'il les avait déchirés, il s'en débarrassait et passait à d'autres jouets. C'était aussi simple que cela. Des jouets que lui fournissait ce fou d'Iskandar. Il pouvait toujours compter sur le mage pour lui trouver quelques proies amusantes et pleines de vie. Au début.
Revenant à la marionnette, Arkonius eut un reniflement de dédain. Celle-ci était un tout petit peu trop vieille pour lui. Elle présentait déjà des formes de femme. De femme jeune certes. Mais tout de même, Arkonius restait sceptique.
Iskandar le remarqua. Il lui fallait raviver son intérêt ou il perdrait son or. L'artiste fit le tour du lit et invita l'autre à le rejoindre derrière la marionnette.
- Venez çà Monseigneur. Regardez.
L'archiprêtre put admirer sur le dos de la fille une magnifique paire d'ailes délicatement ouvragées et dont le souci du détail rendait l'ensemble vraiment réaliste. Les fins traits rouges du dessin faisaient un contraste du plus bel effet sur la peau blanche. *Un ange* Arkonius ne put s'empêcher de penser que si elle avait été attachée, c'était pour l'empêcher de prendre la fuite par les airs. Soufflé, il ne put dire un mot durant quelques instants, les yeux fixés sur l'œuvre vivante devant lui.
Iskandar observait les réactions de l'archiprêtre avec contentement. Il pouvait voir que dans ses yeux la lueur d'intérêt était ravivée. Il serait riche !
Arkonius tendit une main pour caresser la peau incroyablement douce, puis pressa plus fort une poignée de plumes. Du sang perla. La marionnette tressaillit mais n'émit aucun son.
- Attention malheureux ! s'écria Iskandar.Le dessin est encore frais, la peau fragile. Il ne vaut mieux pas la toucher. Pas encore.
Mais Arkonius ne l'écoutait pas. Il fixait les gouttes de sang sur sa main et ressentait un certain tiraillement sous sa toge. L'archiprêtre attrapa l'ange par les épaules, rapprocha sa grosse tête de son dos délicat et se mit à lécher les plumes ensanglantées.
Iskandar en frémit de dégoût. Un tel travail, un tel chef d'œuvre pour finir sous la coupe d'un pervers illuminé. Quel gâchis ! Mais, quoique bouillonnant de rage, il se retint de tout commentaire en songeant au coffre de zoris qui l'attendaient.
Arkonius se retourna vers le mage et lui demanda d'un ton sec :
- La créature est elle vierge ?
A ces mots Iskandar se gonfla de fierté, laissa passer quelques instants pour attiser la curiosité de son vis-à-vis et parla enfin de sa touche finale.
- Mieux que cela Monseigneur. J'ai fait d'elle une vierge éternelle.
- Plaît il ?
- Je l'ai transformée de façon à ce qu'elle se referme à chaque fois. Ainsi elle restera neuve éternellement. Voyez vous j'ai corrompu un sort de vie de manière à ce qu'il…
- Je n'ai pas besoin de vos explications. L'affaire est conclue.
Les deux hommes se serrèrent la main pour sceller l'accord. Malgré une certaine réticence des deux parties.
Pensif, l'archiprêtre regarda à nouveau l'ange inerte. Elle respirait si doucement qu'une personne non avertie aurait facilement pu la croire sans vie.
- Elle est quand même un peu trop amorphe à mon goût.
- Je lui ai donné un fort calmant pour qu'elle ne souffre pas trop durant la cicatrisation.
- Réveillez-la !
- Je ne peux pas. Il vous faut attendre que l'effet s'estompe. Et de toute façon pour ce a quoi vous la destinez, ce n'est pas la peine qu'elle gigote.
- Mêlez vous de vos affaires ! J'ai payé. Maintenant trouvez une solution. Je hais ce qui ne résiste pas. Vous avez bien une drogue, quelque chose ?!
- En effet. Mais l'utilisation de telles substances réduirait encore son espérance de vie. Que j'ai déjà raccourcie avec mes manipulations. Vous savez, les transformations internes que j'ai dû opérer ont quelque peu…
- Qu'importe ! La viande froide ne me procure aucun plaisir. Obéis si tu veux ton or !
Iskandar bouillait intérieurement. Comment pouvait on vouloir abîmer, détruire un tel chef d'œuvre ? Et ce sans une once d'hésitation, de regret ? Une telle attitude le dépassait complètement. Mais il avait échangé la poignée de main, scellé l'accord. Il capitula. Serrant les poings, il siffla :
- Bien Monseigneur. Je vais la préparer.
- A la bonne heure ! Je l'attends à mon carrosse. Voilà pour vous.
L'archiprêtre laissa négligemment tomber une bourse pleine de zoris aux pieds du sorcier et se détourna. C'était une insulte. Avec ce geste il lui signifiait clairement qu'il était bien au dessus de lui, qu'il avait le pouvoir d'en faire un puissant comme de le renvoyer dans la fosse. Le message passa.
Une fois l'Ilymis parti, Iskandar s'approcha de sa marionnette et la détacha avec des gestes doux et précis. Quand elle ne fut plus retenue par les ficelles, elle s'écroula dans les bras du mage. Celui-ci l'allongea en douceur sur le ventre et alla chercher une drogue qu'il laissa fumer à côté d'elle. Tandis qu'elle inhalait la fumée qui raccourcissait sa vie, Iskandar prit un baume cicatrisant et en passa délicatement sur le dos de sa création.
Il n'avait pas raté le regard concupiscent de l'illuminé sur sa marionnette. Iskandar fulminait. Il avait réalisé un chef d'œuvre de pureté, une perfection. Lui et nul autre. Et l'infâme Ilymis allait la souiller, l'abîmer, tout gâcher. Mais il avait les zoris maintenant. Et même un peu plus que prévu. Il ne pouvait plus revenir sur son engagement.
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Il se rappelait son arrivée, elle était avec une autre fille, une blonde Levitis et des tas de gamins. Iskandar détestait ces moutards braillards et morveux. Heureusement ça se revendait très bien. Notamment à Arkonius qui était un client fidèle. C'était il y a une saison déjà. Au début elle était effrayée, mais ne se laissait pas faire. Une vraie furie. Elle défendait les gosses ainsi que la fille et avait toujours des arguments pour lui tenir tête. Tour d'abord il l'avait gardée parce qu'elle l'amusait cette petite qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Et puis elle était jolie. Iskandar, comme tout artiste qui se respecte, était un grand amateur de beauté. Et cette fille, elle était belle. Pas tant physiquement qu'intérieurement. De plus elle avait une voix divine et pure comme du cristal. La nuit, elle chantait toujours pour donner de l'espoir aux gosses. Quand elle les berçait ainsi, son regard était très doux, tandis que quand elle posait les yeux sur Iskandar, il débordait de fureur.
Mais les mioches avaient été vendus petit à petit. Elle s'était retrouvée seule avec la fille blonde et n'avait plus chanté. Iskandar avait voulu faire de la Levitis un ange pour la commande de l'archiprêtre. Mais la fille en était morte. Le changement à opérer pour donner la virginité éternelle demandait beaucoup de pouvoir et une concentration intense. La zone à travailler était si sensible, si fragile, une infime erreur et c'était la fin. Avec des souffrances horribles. Comme la Levitis. Hémorragie interne. Juste parce qu'il avait hésité une seconde.
Dépité, il s'était débarrassé du cadavre et était parti vers sa chambre.
Passant devant le cachot, il était tombé en arrêt devant le spectacle qui s'offrait à lui : le fille brune était endormie. Dans le sommeil son visage paisible semblait nimbé de sa propre lumière. C'était magique. La lune n'arrivait pas jusqu'au cachot et pourtant elle semblait la caresser d'un rayon. Quelle pureté, quelle douceur ! Le mage lui-même en avait été ému.
Il l'avait son ange. Il l'avait sous les yeux depuis le début !
Dès le lendemain, il commença le travail. Il la mena dans son atelier, l'attacha à une sorte de pilori et fit fumer des substances qui la rendraient incapables de bouger, de se révolter, d'émettre un son. Il vérifia ses instruments : couteaux à lames plus ou moins fines, aiguilles de différentes tailles, feu pour le métal. Prenant un fin couteau dont il avait chauffé la lame à blanc, Iskandar traça le premier sillon dans le dos vierge de toute marque. La ligne carmin sur la peau d'albâtre était du plus bel effet. Grâce aux drogues, la fille n'était même pas capable de trembler, de frémir. Cela la rendait totalement amorphe et sans volonté. Mais ses sensations restaient. Et si son corps était incapable de le montrer, il ressentait chaque coupure, chaque brûlure. Elle souffrait le martyre sans pouvoir ni crier ni pleurer. Elle était totalement à sa merci.
Terminer les ailes prit une saison entière. Et il intercalait avec les transformations internes. Ne voulant risquer de faire une erreur fatale, il prit grand soin cette fois de rester concentré, d'avoir des gestes sûrs. Cela lui demandait d'immenses dépenses d'énergie et il ressortait chaque fois épuisé de ces séances. Epuisé et fier de lui. Mais elle ne parlait plus maintenant. Et son regard était toujours vide. Elle avait oublié jusqu'à son prénom, si elle en avait jamais eu un. Iskandar n'en avait pas connaissance, il ne s'y était pas intéressé.
Puis il avait réussi à la terminer. Et cette nuit, on la lui enlevait : Elle, le chef d'œuvre de sa vie.
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La fille remuait. Iskandar prit une tenture de velours sombre, en enveloppa l'ange avec des gestes dignes d'une mère prenant soin de son nouveau né, la saisit dans ses bras et prit le chemin de la sortie.
La nuit s'étant rafraîchie, Iskandar resserra l'étoffe autour de sa marionnette et se trouva bientôt en vue du carrosse de l'archiprêtre.
- Adieu, ô mon chef d'œuvre.
Le paquet quitta les mains de du mage pour entrer dans le carrosse, qui quitta aussitôt la ville au petit trot des chevaux.
Kiss je ne connais que la plus connue: Because I'm a girl. Mais j'aime beaucoup celle la, même si elle me fait chialer a chaque fois T__T
Sinon, je trouve justement que BIG BANG n'est pas du tout pareil que le rap habituel: C'est super positif et mignon a regarder ( wé parce que les ganster Coréen . . . xDD Ils font pas très peur ^^ ) Enfin voila! J'aime <3
Chacun ses gout après ^^