Mardi 24 octobre 2006 à 1:43
Un bassin de pierre couleur argent et or. Des motifs de spirale,
d'étoiles, de galaxie peut être y sont gravés. Sur une eau limpide
flottent des bougies. Il n'y a pas d'autre lumière que les douces
petites flammes. Au dessus de l'eau sont penchées deux personnes. Elles
se ressemblent de par leurs auras bénéfiques. De leurs chevelures
bouclées aussi. Les deux jeunes femmes observent la surface de l'eau.
Au-delà de la surface elles voient...
... un piano et une voix presque en acord. Les deux se mêlent avec
volupté et douceur. Leur union est un enchantement pour qui peut les
entendre. Tout parait si facile alors... on ne peut les imaginer
autrement qu'ensemble. Que leur couple se concrétise serait un
enchantement, peut-être pas aux yeux du monde mais au moins pour le
piano et pour la voix... et aussi pour leur entourages... Mais une
fausse note gêne le piano... et des sanglots peuvent être perçus dans
la voix si on l'écoute avec attention.
il y a aussi...
... les suppliciés. La jeune fille torturée par les bourreaux, que le
jeune homme tue afin de la sauver, mais au moment où il va pouvoir
trancher les chaines qui entravent la jeune fille, un sournois système
l'éloigne d'elle et appelle d'autres bourreaux. Il donnerait tout, même
savie pour la sauver, qu'elle ne souffre plus. Et elle qui voudrait
qu'il arrête de se battre et d'avoir mal pour elle, elle demande
"pardon"... Que souhaitent-ils chacun? Que l'autre soit heureux... Leur
coeurs se cherchent, s'effleurent, s'échapent, se cherchent encore...
un pas en avant... pour combien de pas en arrière?
Les deux jeunes femmes relèvent la tête du bassin et échangent un
regard. Ces deux histoires les ont particulièrement touchées. De par
l'intensité, le force de l'amour, du chagrin qui l'accompagne, de la
souffrance même qu'elles ont en commun. Elles sont émues. Car leurs
coeurs sont si grands! Si elles pouvaient effacer toute la tristesse su
monde en la prenant pour elles, nul doute qu'elles le feraient. Mais
elles n'ont pas cette capacité, ce pouvoir. Hélas.
L'une des jeunes femmes va pour parler mais la seconde, celle des deux
qui porte sur la tête un diadème de diamant transparent comme de l'eau
de roche prend la parole plus rapidement.
- Je sais ce que tu vas me demander Elvea. Mais je ne le peux pas. J'ai
un autre peuple à sauver. Ravage s'est encore attaqué à un Monde. Je
dois aller leur porter secours. Tu sais combien je désire sauver tout
le monde, mais je n'en ai pas le pouvoir, il faut faire des choix.
- Ma Princesse, ne peux tu donc rien faire pour eux? Vois comme leurs
coeurs ont mal! Vois comme ils se cherchent, vois comme ils s'aiment
mais ne peuvent vivre librement leur amour, aide les je t'en prie!
- Je vois et ressens tout ce que tu dis, mais je ne peux vraiment pas.
Mais toi Elvea, tu peux faire quelque chose, je te les confie, j'ai
confiance en toi. Fais ce que tu sais faire, et ça ira...
La Princesse passe une main dans les cheveux de l'Etoile. Elles
échangent un sourire ému, puis se quittent. La Princesse
s'éloigne et un peu plus loin, prend son envol pour
aller recueillir le peuple en détresse.
Elvea va s'installer sous la voûte céleste sombre et
piquetée d'éclats scintillants, comme autant de miettes d'espoir
éparpillées dans l'ombre du chagrin du monde. Elle lève la tête vers
ses "soeurs" et s'adresse à elles en ces termes:
Vous si hautes qui brillez
veuillez mon voeu exaucer
aidez les leurs barrières à oublier
dans la lumière les apaiser, les lier
ô mes soeurs je vous en prie
faites que tous soient réunis
Elle s'assied à son métier et commence à tisser. Les fils colorés si
légers, si doux si purs, se mêlent pour esquisser une fresque, un
croquis de bonheur. Le bonheur qu'ils vivraient si tout était plus
simple. Il y a de la peur. Elvea a la Foi, elle laisse de côté la peur
et tisse de ses doigts agiles, une mélodie, une tapisserie, une autre
vision de ce qui pourrait être, de ce qui sera peut-être. Dans son
tissage elle met tout son coeur, l'intensité de ses sentiments, une
partie de son âme même. Elle y place tout l'espoir qu'elle a dans le
coeur, tout le rêve qu'elle peut prodiguer, et espère intensément
qu'ils vont percevoir tout ça. Qu'ils vont croire que le bonheur est
possible.
Car s'ils y croient, ce sera un grand pas en avant, oui, cela
affaiblira les obstacles, cela renforcera leur pouvoir, car les mieux
placés pour tout arranger ne sont autres qu'eux-mêmes, les acteurs de ces
histoires.
Mais s'il leur faut de l'aide, Elvea se fera une joie de la leur apporter.
En transe, elle tisse, elle crée, elle espère, elle prie, elle croit, elle rêve, elle tisse, de toutes ses forces, de tout son coeur, de toute son âme, elle tisse...