un petit texte datant d'avril 2008. je réalise que je ne l'avais pas posté, tiens donc oO
écrit "pour" Adreis. dans mon idée c'est une légende de je ne sais pas trop quel peuple (fedoriens, medioviens, tous?) et c'est surtout l'histoire du ballet préféré de la maman de Fanaa.
Celui qu'elle tente parfois de danser elle-même.
Ce texte est sans fioritures, il va droit au but, ne vous en formalisez pas je l'ai écrit ainsi car je le souhaitais comme cela. Après je peux comprendre que le côté romancé manquant perturbe mais c'est un choix ;p
En espérant que vous apprécierez ^^
Le Guerrier et la Danseuse
Elle dansait, il tuait. Il était la mort, elle était l’amour.
Pour ses crimes par milliers, à sa fin il fut châtié : dans les enfers envoyé, de 100 000 façons torturé, les yeux crevés, la langue arrachée, les 2 bras tranchés.
Mais elle ne pouvait l’abandonner. Elle alla le roi des enfers supplier, de sa pure voix elle prit sa défense et demanda pour lui une autre chance. Emu par sa passion et sa volonté, le seigneur de l’obscur accepta sans hésiter.
« C’est à toi d’aller le chercher. Tu n’auras droit à la vue, tu n’auras droit à la voix, et sans jamais le toucher, il te faudra le guider. Si tu réussis à le sortir d’ici, alors je laisserai son âme se reposer. Mais il ne restera pas en ta compagnie, je lui offre le salut, mais en aucun cas la vie. »
La danseuse accepta le marché. Elle souhaitait seulement le sauver, ne demandant rien en retour. Elle n’allait pas forcer son amour.
On lui banda les yeux, on bâillonna sa bouche et on la laissa pénétrer en enfer.
Elle pensa le retrouver en suivant les battements de son cœur. Mais les cœurs des mots ne battent plus. Elle espéra alors reconnaître son souffle. Mais les mots ne respirent pas. Elle laissa alors le hasard de ses pas la guider, certaine que tôt ou tard, elle le retrouverait. Elle marcha longtemps, se brûlant les pieds sur le sol en fusion mais tint bon et le retrouva enfin.
Elle ne pouvait ni le voir ni le toucher ni lui parler, mais son cœur à elle lui murmurait que c’était bien lui.
Il fallait maintenant le mener au dehors en respectant les interdits.
La danseuse se mit des grelots aux chevilles et esquissa quelques pas. Le tintement produit attira l’attention du guerrier défunt. Elle ne le voyait pas mais, le sentant approcher, s’éloigna. Elle devait à tout prix éviter de se laisser effleurer ou elle échouerait à le sauver. Le pied sur et léger, elle dansa jusqu’à la sortie où le guerrier la suivit grâce au son des grelots.
Le roi des enfers les accueillit tous deux. Grand Seigneur, il libéra les yeux et la bouche de la danseuse puis, sous le regard de cette dernière, il fit repousser les bras et la langue du guerrier, cicatriser son corps horriblement abîmé par les tortures. Quand il souleva les paupières, ce fut pour contempler le visage de celle qui –ainsi que le Roi le lui dit- avait sauvé son âme.
Ils se sourirent mais une violente quinte de toux crispa les fins traits de la danseuse. Avec horreur, le guerrier la vit s’écrouler au sol. L’enfer n’étant pas un lieu pour les vivants, en y allant elle avait respiré les vapeurs toxiques du lieu et maintenant la vie s’écoulait hors d’elle comme le sang coulait pas sa bouche, ses yeux, ses oreilles.
Le guerrier tendit les bras pour la soutenir, l’aider, mais il n’était qu’une âme sans enveloppe charnelle et ne put la toucher. Il se sentait s’envoler, aspiré contre sa volonté par le Paradis et c’est gonflé de remords qu’il rejoignit les Cieux.
Le corps de la danseuse était parcouru de spasmes, elle était en proie à une douleur atroce. Le Roi des Enfers se pencha au dessus d’elle.
« Regrettes tu d’avoir payé de ta vie la salut de l’âme de cet homme qui ne t’aime peut être même pas ? »
Il dut approcher son oreille des lèvres de la danseuse, sa voix était maintenant si faible !
« Je n’ai aucun regret. Seulement de l’amour et une grande paix… »
Et elle ferma les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. Le Roi considéra longtemps le corps exsangue. En y étant allée, elle s’était apposée elle-même la marque des enfers où elle était sensée rester maintenant. A moins qu’on ne la sauve. Mais nul ne viendrait. Et elle ne méritait pas de finir ainsi. Monter aux Cieux signifiait se réincarner et elle n’y avait plus droit.
Comme il pensait pourtant qu’elle méritait de revoir le guerrier après un tel sacrifice, il décida de la nommer Gardienne du Portail des Défunts. Sa mission serait de mener chaque disparu aux Cieux pour une nouvelle vie. Après avoir été sauvé ainsi, le Guerrier ne pourrait plus se permettre de mériter la damnation ou il disparaitrait totalement du cycle des réincarnations.
Donc quand il viendrait à mourir à la fin de chacune de ses vies, alors la danseuse et lui se retrouveraient durant le temps du passage à l’Outre Monde…