shinytear

Plume-esprit ou Esprit de plume...

Mercredi 27 mai 2009 à 22:32

Ne m'oublie pas
~ L'histoire de Fealisèn Chandlune ~



Introduction - les habitants du Ringem

Cette nuit-là, dans le ciel d’Adreis, les trois lunes – Cerune la verte, Larios la bleue et Shua la rouge – étaient pleines. Fait encore plus rare, un étrange halo aux tons violacés laissait deviner les contours d’une quatrième lune, placée exactement entre les trois autres mais beaucoup, beaucoup plus éloignée qu’elles.
Cette lune violette n’existait pas vraiment, elle n’était que le fruit d’une illusion d’optique due à divers phénomènes cosmiques. Mais pour ceux qui la regardaient ce soir-là, son apparition était signe d’une nuit spéciale, celle qu’ils appelaient, la nuit du Souvenir …

Un grand feu brûlait et autour de lui, dix sept hommes et femmes étaient rassemblés. Assis en tailleur, ils chuchotaient entre eux. L’une des femmes jeta une poignée de poudre au brasier qui crépita de flammes violettes. Le silence se fit et un homme dans la force de l’âge se leva. Il fit lentement le tour du cercle en regardant chacun de ceux qui se trouvaient là. Ses yeux jaunes brillaient de cette lueur paternelle qui mettait en confiance et forçait le respect. Lorsqu’il eut terminé sa ronde, il fit face à ceux qui constituaient sa famille, son peuple, son clan. D’une voix profonde et chaude, il se mit à raconter ce que tous savaient déjà… Ainsi était la coutume.

« Tout a commencé pour nous à l’époque où les peuples lunaires existaient encore. Notre Aïeul, que nous appelons Grand Père car il fut un grand homme et qu’il est père de notre lignée, mais que nous évitons d’appeler l’Ancêtre car il ne faudrait pas qu’il sorte de sa tombe pour nous tirer les oreilles, … »

La petite remarque déclencha des rires, sinon des sourires. Meneluin ne contait pas le Souvenir aussi solennellement que d’autres, pourtant il le respectait autant qu’eux. Mais leur famille n’avait pas une vie facile dans la vallée et la moindre occasion de détente ne pouvait être que bénéfique, selon lui.
De fait, tous appréciaient de pouvoir, ne serait-ce qu’un peu, penser à autre chose qu’à leur survie.
Meneluin reprit :


« Il y a fort longtemps, donc, Grand Père, qui se passionnait pour tout se qui touchait de près ou de loin à la voyance, fit une prédiction. Il annonça à qui voulait l’entendre que la fin de tout ce qu’ils avaient connu approchait. Il parla des trois savants soi-disant sages qui seraient à l’origine de ce désastre, mais il ne fut pas pris au sérieux et même rejeté de son ordre. Quand bien même il aurait eu raison, quel intérêt y avait il à s'inquiéter d'une catastrophe qui ne toucherait que les générations suivantes? Bien qu’on l’eut pris pour un fou à l’époque, il était indéniable que Grand Père avait réellement les pouvoirs d’un grand sorcier. Mais avant sa vision il avait été trop discret pour être remarqué et écouté comme il se devait. Sur la lune, nul n’entendit plus parler de lui.
Pourtant il ne disparut pas de la surface du monde, restant chez lui à s’occuper d’agrandir et réunir sa famille.
Un jour naquit une petite fille. L’Aïeul rassembla toute la famille autour du berceau pour fêter l’événement. Une naissance n’était en soi rien d’incroyable, même si c’était toujours un heureux événement. Nos ancêtres se demandaient la raison de cette réunion quand le nourrisson ouvrit de grands yeux violets et… parla !
Notre petit prodige prononça ses premiers mots :
Les lunes chantent. Les hommes qui vont détruire le monde sont nés. Il faut se mettre à l’abri. Tel est le chant des lunes.

Tous se concertèrent alors. Un tiers de la famille ne crut pas à cette histoire et se désintéressa de Grand Père. Loin de s’en offenser, ce dernier préféra se concentrer sur ceux qui restaient.

Ces filles aux yeux violets sont mon présent pour notre lignée. Il faudra toujours les protéger en attendant celle qui aura un rôle décisif dans notre histoire. Mes enfants, il vous faut partir, il faut quitter Larios ! Vous devez vous mettre à l’abri sur Adreis, c’est la seule chose à faire !


Il fut décidé que les plus âgés ne feraient pas partie du voyage, pas plus que les indécis. Ce qui laissait quand même une quarantaine de personnes participant au projet. Le jour du départ, l’Aïeul mourut, sans avoir donné plus de détails quant à ce rôle des filles aux yeux violets. C’est ainsi que nos aïeux quittèrent pour toujours leur ancienne vie et qu’ils arrivèrent ici, dans le Ringem.

La vie fut loin d’y être facile. Dans cette vallée morte depuis longtemps, nul ne vivait sinon les spectres et divers monstres. Il fallut se battre pour s'y faire une place. De plus, habitués au confort ainsi qu'aux avancées technologiques et magiques de leur berceau d’origine, nos aëux avaient énormément de mal à se faire à leur nouveau mode de vie. La période d’acclimatation fut probablement la plus difficile. Il y eut des pertes, des doutes. L’elixia avait été scellée en Adreis et cet élément magique avec lequel les lunaires avaient toujours vécu fut, pour eux, le manque le plus cruel.

Mais notre famille est courageuse et elle survécut. Ce fut difficile mais elle y parvint. Preuve en est notre présence en ce jour. Quand le dernier de nos ancêtres lunaires eut rendu son souffle ultime, nous, natifs adreniens décidâmes de nous donner un nouveau nom : nous serions le clan des Vendiver, protecteurs des oracles aux yeux violets que nous nommâmes Chandlune... »

... à suivre ...

Publié par shinytear

j'ai l'esprit inspiration

Mardi 12 mai 2009 à 10:52

Coucou ^^

ce message s'adresse à mes amis, à mes compagnons de RP et à ceux qui auraient lu mes textes.

S'il vous plait j'ai besoin de votre aide.

Je vais vous donner les noms de 4 de mes personnages et pour chacun je dois trouver :

- sa couleur prédominante ou préférée

- au moins 1 symbole le/la représentant (objet, plante, animal, armoirie,...)

- un décor qui le/la symbolise bien

- une attitude, une façon de se tenir (de dos, un mouvement, ...)

Oui je vous entends d'ici, la mieux placée pour trouver ces réponses c'est moi. Certes. Seulement, je pourrais manquer des choses auxquelles vous, vous pourriez penser alors... Surtout que parmi mes personnage, certains se sont construits à votre contact.
Prenez cela comme un jeu ^^ vous avez 2 semaines ;p après je dois transmettre ces informations à qui de droit. Car oui tout cela a un but (esthétique) mais pour le résultat final il va falloir patienter encore un peu.

Voici nos 4 élues :

- Fanaa ~ la souffrance
couleur : rouge / pourpre / bleu / bleu nuit / noir
symboles : foulard rouge /, krobeau / dessin / grelots de cheville / dentelle noire
décor : salle de danse aux tentures rouges / alcôve de chez Mani / cachot / piece sombre et humide avec rayon de lune
attitude :
saison : hiver
élément : terre / ombre


- Elyra ~ l'amour ou la lumière
couleur : doré / coucher de soleil / blanc / rose nacré
symboles : plume dorée / plume noire / lune / rose claire / lever de soleil / rosée du matin
décor : ruisseau bondissant à la lumière de l'aube /
attitude : joyeuse, rieuse, court bras ouverts pour étreindre quelqu'un
saison : été
élément : feu / lumière


- Elvea ~ le rêve
couleur : blanc / irisé / mauve / rose pâle / argent
symboles : étoile
décor : nuit (de fin de printemps)
attitude : maternelle / sereine / souriante
saison : printemps
élément :

- Fealisèn ~ la tristesse
couleur : vert d'eau ou violet
symboles : ruban, paire de pointes
décor :
attitude : pensive, petit sourire triste
saison : automne
élément :


Forcément pour la dernière, qui est la maman de Fanaa c'est super dur car je ne l'ai pas encore beaucoup développée mais j'aime bien l'idée association mère-fille.
Il me fallait un personnage qui compte pour Elyra et Fanaa. Il y avait bien sûr Thanos et Syld mais ces personnages ne m'appartenant pas, je ne me suis pas permis d'y toucher.

Bon. Trêve de racontage de vie. Si vous êtes inspirés, n'hésitez pas je vous prie, j'en ai besoin. Merciiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!



je mets tout ce qu'on me propose.
(mici Salia ! mici wewen!)

Publié par shinytear

j'ai l'esprit inspiration

Lundi 11 mai 2009 à 17:03

Aquarelle déglutit avec peine. Elle se trouvait cernée de toute part par les regards inquisiteurs du tribunal. Affolée, elle tenta de retrouver parmi les silhouettes menaçantes un visage ami, mais peine perdue. Elle était seule. Aquarelle avait l’habitude d’être admirée, d’être le centre de l’attention lorsqu’elle évoluait sur scène, enchantant les spectateurs. Le public d’aujourd’hui n’escomptait pas le même genre de prestation, même si elle avait cette fois encore le premier rôle.

 

Le procès se déroula comme dans une sorte de brume. La jeune femme était physiquement présente dans la pièce mais son esprit avait du mal à faire de même. La peur qui sourdait en elle l’empêchait de se concentrer. Du reste, les juges n’avaient pas besoin d’elle. Ils parlaient entre eux, décidant de sa culpabilité, de ce que l’affaire impliquait. La Danseuse Sacrée était interdite de parole. Elle ne pouvait se défendre et aucun autre ne s’instituerait comme son soutien. Encore une fois elle chercha du regard la présence de l’homme qui l’avait mise dans cette situation. Il avait refusé de prendre en charge l’enfant, de même qu’il avait refusé de la faire examiner par un clerc. Les Danseuses Sacrées étant totalement prises en charge par la société Médiovienne, elles ne gagnent pas leur propre argent. C’est pour cette raison qu’elle avait demandé à cet homme de faire appel à un clerc. Elle voulait abandonner l’enfant avant qu’il ne vienne au monde. Mais il n’avait pas accepté. Il avait refermé sa porte.

 

Malgré son attitude tout à fait inexcusable, Aquarelle avait espéré qu’il serait revenu sur sa décision, qu’il viendrait aujourd’hui se dénoncer et annoncer qu’il s’occuperait de l’enfant. Auquel cas sa peine à elle serait allégée. Peut être serait elle déchue de sa place de Danseuse Sacrée mais qu’elle resterait simple danseuse quand même ? Le bourdonnement des voix continuait et n’augurait rien de bon. Debout au milieu de tous, elle sentit une nausée l’envahir et se concentra pour la retenir. Au bout de quelques minutes elle put de nouveau respirer normalement mais manqua perdre connaissance. Ses mains se resserrèrent autour de la barre, si fort que ses jointures blanchirent. Elle passa sa main sur son front constellé de sueur. Elle avait de la fièvre. C’était cette céphalée lancinante qui l’empêchait de se concentrer sur ce qui se passait autour d’elle, de comprendre les mots qui traversaient la salle.

 

A ce moment elle aurait voulu utiliser son pouvoir. Elle sentait qu’il faiblissait, elle le voyait à la méfiance dans leurs regards à tous. Ils oubliaient la bonne réputation de ses « parents » ainsi que ses « origines irréprochables ». Si seulement elle pouvait leur faire un petit rappel ; leur renvoyer des images, reformer son écran, sa protection… mais c’était impossible. Son corps et le petit être en elle absorbaient toute son énergie, ne lui laissant rien à utiliser. Rien. Pourquoi parlaient ils autant ? Le procès n’aurait il pas dû êtrec déjà terminé ? Aquarelle avait la gorge sèche mais il ne fallait pas escompter un verre d’eau. Etant l’accusée, elle se trouvait en pénitence. Un nouvel étourdissement la frappa et elle ferma les yeux quelques instants, tentant de se reprendre, de se montrer le moins faible possible.

 

Lorsqu’elle les rouvrit, ce fut pour entendre le couperet du jugement tomber, implacable.

 

- Hetta.

 

Aquarelle ouvrit de grands yeux horrifiés, voulut répliquer mais suffoqua, perdit l’équilibre et tomba à terre. Elle toucha le sol sans bruit et avec sa grâce innée.

 

- Non !

 

Elle tendit le bras, dérisoire défense.

 

Elle vit leurs bouches s’ouvrir pour prononcer la sentence entière. Il ne fallait pas. Ils ne devaient pas parler, si elle les laissait dire, elle serait perdue, il n’y aurait aucun retour arrière possible.

 

- Non, pas ça !

- Faites taire la Hetta !

 

Une main rugueuse vint brutalement se plaquer sur sa bouche et son nez. Les beaux yeux violets de Aquarelle s’inondèrent de larmes.

 

- Aquarelle tu as été jugée coupable d’avoir utilisé ton corps d’une façon interdite alors qu'il nous appartenait encore. Etant donné que personne n’a encore atteint un niveau permettant de te succéder maintenant, que tu nous plonges dans une situation qui nuit à la réputation médiovienne, tu seras une Bannie de la Vie.

Tu n’existes plus, tout ce qui peut rappeler ton existence sera détruit, ton nom ne t’appartient plus, tu iras à Calcyria le village des bannis et tu n’en ressortiras jamais. Ta joue sera marquée au fer rouge afin que tout le monde sache que tu n'es plus personne.

 

L’homme au gros bras libéra le nez et la bouche de la jeune femme. Elle inspira l’air avec reconnaissance, tenta de se relever mais n’y réussit pas. Les juges continuèrent, imperturbables.

 

- Si tu décidais d’en sortir et de revenir à Médiévir, la milice de la ville te rattraperait aussitôt et tu serais privée de ta vue avant d’être renvoyée là bas. Si tu réitérais ton acte de folie, on te priverait de ton ouïe, puis de ta voix et ton goût puis enfin ton odorat et ton toucher.


Il laissa passer un instant, comme s’il se délectait d’annoncer la dernière partie.

 

- Et bien sûr, nos mages vont t’ôter ta capacité à procréer une fois qu’ils auront tué l’enfant que tu portes. Les hetta comme toi ne se reproduisent pas. Tu n’es plus rien ni personne, un vague fantôme en vérité. Adieu.

 

Incapable de lutter plus longtemps cette fois, Aquarelle s'évanouit.

Publié par shinytear

j'ai l'esprit inspiration

Mercredi 11 mars 2009 à 16:48

des histoires à moi...
http://shinytear.cowblog.fr/images/26465500350326170944326114876007779505n.jpg

des histoires d'amour tristes :

-
Lettre ouverte
-
Ne me regarde pas
- Adieu ~
début ~ suite ~ fin ~
- Mortedanse [Magnificence et déchéance du sentiment dénommé amour]
   ~
partie 1 ~ partie 2 ~ partie 3 (à venir)


histoires d'amour peut-être pas tristes :
- Draca et Christopher
  ~
présents1 an ~
-
Histoire de train (écrit avec Lala-Ru)


contes et légendes :
-
la couverture des rêves
-
le guerrier et la danseuse
- projet de conte adrenien -
présentation des personnages


Faëlie :
-
l'enfant perdu
-
elle tisse


de la poésie :
-
je suis là
-
tue moi
-
ils dansent sur sa tombe
-
complainte des âmes séparées 1
-
haïku
-
les amants des cieux


l'histoire de Fanaa
- Nuit écarlate ~
partie 1 ~ partie 2 ~ partie 3 ~ partie 4
-
Première fois
-
danse sur le lac


Publié par shinytear

j'ai l'esprit inspiration

Mercredi 25 février 2009 à 14:35

Lorsque je me suis réveillée ce matin-là, je n’ai pas reconnu l’endroit.

Je voyais flou, j’avais mal partout, je me sentais patraque. Dans mon esprit, les rares idées qui s’y étaient égarées se battaient en duel afin de se mettre en ordre. Dans les premières minutes qui ont suivi mon éveil ça a été l’horreur. Même pas capable de me rappeler de mon nom, de l’endroit où je vivais, de ce que je faisais dans la vie. Panique. Etais-je amnésique ? (Donc je savais ce qu’était un amnésique). Je cherchai affolée, le moindre souvenir. J’ai vu un visage apparaître. Je l’ai reconnu aussitôt, tout simplement parce que je ne pourrai jamais l’oublier. Je me suis souvenue de tout. Soudainement. Douloureusement.

Et toute l’horreur de ma situation m’est alors apparue.

Allez savoir pourquoi et comment, j’avais raté mon suicide. Et je me trouvais maintenant dans une chambre d’hôpital. Enfin, de « maison de santé ». Là où l’on met les gens « comme moi ». Un hôpital pour les fous et les désespérés. Mais je ne suis pas une désespérée, moi. Je suis déjà bien au-delà…

 

 

 

Je ne comprenais pas comment j’avais pu échouer ma propre mort. J’avais tout préparé. J’étais seule dans mon petit appartement, c’était le week-end et je n’attendais aucune visite. Mes parents étaient partis voir des amis, ils ne risquaient ni de téléphoner, ni de passer. J’avais le somnifère, et surtout j’avais le couteau. Parfaitement aiguisé. Je ne voulais pas d’une stupide tentative de suicide. De celles que l’on utilise pour appeler à l’aide. A mon stade, je ne recherche plus l’aide de quiconque. De celles dont on se vante quand on est ado. J’ai toujours trouvé débile ces gens qui te montrent de bêtes cicatrices qu’eux seuls continuent de voir et te disent tout fier « blablabla ». Moi je voulais vraiment en finir. C’est pour ça que je ne me suis pas tranché les veines des poignets. Trop banal. Et mort trop lente à mon goût. J’ai préféré me couper la gorge. En quelques minutes tout est terminé. Tout aurait dû être terminé ! Alors pourquoi étais-je là ? En vie ?

 

 

C’est mon cinquième jour à l’hôpital. Pour moi cela ne fait aucune différence, cela pourrait être le cinquantième ou le premier. Le temps, c’est une notion que j’ai perdue. J’ai fini par apprendre comment je me suis retrouvée ici. De la malchance pure et dure. Mon frère a voulu m’emprunter un jeu video : Mortal Kombat Trilogy. Il a pris le double des clés des parents et il a débarqué. Tout simplement. D’après lui je fermais les yeux à ce moment là. Il a réagi très vite et m’a sauvée. Génial. Mais pourquoi j’ai autant la poisse moi ?! Des larmes de dépit picotent mes yeux. Durant même pas une minute. C’est tout.

Une voix. Il y a quelqu’un dans la chambre ? Je n’ai pas entendu la porte pourtant. C’est ma mère. Elle me parle. Et je ne réponds pas. Je voudrais qu’elle s’en aille. Je ne veux voir personne. Elle dit qu’elle remercie le ciel et mon frère de m’avoir sauvée, et qu’elle essaie de comprendre ce qui m’est passé par la tête. Je ne réponds pas. Je n’ai pas décroché un mot depuis que l’on m’a amenée ici. Mon regard reste fixé sur la fenêtre mais en vérité je ne m’intéresse ni au jardin, ni au ciel, ni même au cadre de ladite fenêtre. Je ne suis pas vraiment là. J’attends. Elle pleure maintenant. Encore et encore, comme tous les jours. Parce que je ne parle pas. Parce que je ne mange pas. Elle va croire qu’elle est une mauvaise mère. Elle est si malheureuse.

Ce n’est pas de ta faute maman. Ce n’est pas toi. C’est juste que moi, je ne voulais plus être là. J’avais besoin de partir. J’en ai encore besoin. Je suis si vide maintenant, je sais ta tristesse, mais je ne peux rien faire. Je n’ai rien à dire. Je n’ai pas faim. Je n’ai pas soif. J’attends. On m’a bien sûr interdit tout objet qui pourrait précipiter ma fin alors je l’attends. Patiemment. Tu ne devrais plus venir maman. Ne viens plus me voir. Ne me regarde pas. Tu te fais du mal maman. J’ai pas envie de te voir comme ça mais je ne suis plus rien. Je n’ai même pas la force de tourner la tête. La bandage autour de mon cou compresse ma trachée. Ne viens plus me voir maman. S’il te plait. Je ne suis plus là, il faut t’y faire. Je ne suis même plus capable de pleurer…

 

 

Mes amis m’ont rendu visite. Je ne voulais pas. Je ne veux pas qu’ils me voient. Je veux qu’ils m’oublient. Qu’ils gardent en souvenir celle que j’étais avant. Quand je riais aux éclats, quand je m’amusais avec eux, quand la vie était colorée. Je ne suis plus capable de rien. Et j’ai perdu toute crédibilité pour ceux à qui j’avais fait comprendre mon aversion pour ce genre d’action. Oh ils m’ont secouée comme je l’ai fait pour eux. La différence, c’est que moi je ne suis déjà plus là. Ils disent que tout ça n’en vaut pas la peine. Et ils repartent, car ils ont peur. Je leur fais peur. Et ils sont soulagés de ne pas être allés jusqu’au bout. Et moi je suis soulagée qu’ils ne reviennent plus. Ils ne doivent pas me voir ainsi. Ca ne peut rien leur apporter.

 

 

Ils disent que tout ça n’en vaut pas la peine. Tout ça quoi ? Tout ça : l’amour. Il s’appelle… Non. Cela ne sert à rien de dire son nom. Mais je l’Aime. Je l’ai Aimé intensément durant toute la durée de notre histoire. Je lui ai tout donné. Absolument tout. C’est pour ça que le jour où il m’a laissée, il ne m’est plus rien resté. Plus rien. Il m’a laissé aussi vide qu’une coquille de noisette. J’aimais bien les noisettes. En plus avec un peu d’imagination une demi coquille de noisette ça peut rappeler un cœur, non ? J’étais vide. J’étais rien. Je n’étais plus, tout simplement. C’est ce qui m’a menée à cette décision puis cet acte ultime. Comprenez que je ne l’ai pas fait pour le faire revenir. Je trouve pitoyable de tenter de retenir quelqu’un de cette manière. Et puis comment avoir une relation stable en partant sur des bases aussi malsaines ? Je ne l’ai jamais forcé à quoi que ce soit et je ne commencerai pas aujourd’hui. Je me serais contentée d’une tentative sinon. Non j’ai voulu me donner une fin car mon histoire s’était terminée. Sans lui, je n’avais plus d’espoir, plus de vision d’avenir, j’avais froid, le monde était terne et il y avait un éboulement sur le chemin. Il est parti, je n’ai pas pu le retenir, il a emmené tout ce qui faisait de moi celle que j’étais. Et comme je n’étais plus rien, j’ai su qu’il était temps de mettre le point final à ma vie. Et sans mon frère j’y aurais réussi.

Mon frère. Je ne lui en veux pas. Il doit me trouver ingrate de ne pas l’avoir remercié. Ou alors il me comprend un peu. Peut-être. Ou alors il a abandonné. Ce qui n’est pas plus mal.

 

 

C’est mon dixième jour. J’ai beaucoup maigri. J’ai mauvaise mine. Je m’en fiche. Les visites se raréfient. C’est mieux. Que ce soit dû au médecin ou au choix de mes parents. Dix jours que je ne ressens rien. Pas la moindre compassion, peine, peur. Encore moins espoir. Plus rien ne compte. Personne n’éveille quoi que ce soit en moi. Vide. Morte. Pas encore physiquement mais ça ne saurait tarder, je pense. Encore quelques jours et enfin je serai débarrassée. Et eux aussi seront débarrassés de moi. Ce sera mieux. Je déteste provoquer autant de tristesse et être incapable d’y faire face. De l’assumer. Je n’y arrive pas. Il n’y a plus de volonté en moi. Vide.

 

 

J’entends vaguement la porte. Qui est le paumé d’aujourd’hui ? Ce doit être pour la chambre d’à côté.

Il parle. Et malgré moi je tressaille, mon sang se glace dans mes veines, une peur indicible et le désespoir profond se réveillent en moi. Et je pleure.

Il est là. Il est venu. C’est le pire des cauchemars.

Il va croire que je ne suis qu’une fille qui cherche à le piéger, que je me mets au chantage affectif. Je ne suis pas comme ça !

Je ne peux pas tourner la tête. Je n’ai pas le courage de croiser son regard. J’espère de toutes mes forces que les infirmières lui ont bandé les yeux (on peut rêver). Qu’il ne me voie pas dans cet état.

 

Je parle. Ma voix, qui n’a pas été utilisé depuis 10 jours est rauque, je ne la reconnais pas. Mais je dois le lui dire, éviter tout malentendu.

- Je ne l’ai pas fait pour toi. Tu es libre. Je ne t’empêche pas de faire ta vie. Je ne l’ai pas fait pour toi sois en assuré.

- Je sais. Ce n’est pas ton genre.

Je l’entends approcher. Je m’affole.

- Ne me regarde pas. Ne me regarde pas, va-t-en ! Je t’en supplie, pars maintenant !

Il prend délicatement sa main dans la sienne, si chaude. J’ai peur. J’ai si mal, si mal. Je ne peux empêcher les souvenirs d’une époque révolue affluer dans mon esprit. Je pleure de plus belle mais ne le regarde toujours pas. Peut-être que cela lui fait de la peine. Je ne sais pas. Même si je ne pense pas pouvoir tomber plus bas, j’ai horriblement peur.

- D’accord. Je m’en vais. Calme toi, je t’en prie.

Il lâche ma main. Et recule.

- Je t’ai apporté des fleurs. Il y a un mot. Tu le liras d’accord ?

Il est sur le pas de la porte je le sais. Il attend mon assentiment. Qui ne vient pas. Il part tout de même.

 

Quand je suis sure qu’il n’est plus là je tourne la tête. Un bouquet de fleurs. Sublime. Des lys blancs, des roses-lavandes, des orchidées. Il se souvient de mes fleurs préférées. Sous le bouquet, une enveloppe. Une lettre. Mon cœur s’emballe. Peut-être a-t-il changé d’avis ? Ou alors ce sont juste des vœux de rétablissement ? C’est un peu gros pour ça en fait.

Je suis fébrile, j’ai envie d’ouvrir l’enveloppe et en même temps une affreuse crainte me tenaille. Finalement, je regarde de nouveau vers la fenêtre, sans la voir. La mort va bientôt venir à moi et c’est ce que je voulais non ? Ai-je vraiment besoin d’un nouveau coup de couteau ? De toute façon, je ne peux sombrer plu que je ne l’ai déjà fait. Enfin je crois. Je ne sais pas si je vais lire la lettre. Décidément je ne sais pas…


Publié par shinytear

j'ai l'esprit inspiration

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | Page suivante >>

Créer un podcast