Chapitre 3 ~ Jeux cruels
Alors que le carrosse cahotait sur la route, Monseigneur Arkonius se sentit titillé par son bas-ventre. Il ressentait un irrépressible besoin de se soulager ainsi que l'envie de tester sa nouvelle acquisition. Qui était toujours immobile d'ailleurs, le sorcier lui aurait il menti ? Ce rustre aurait osé ? Tendant le bras, l'Ilymis tira l'étoffe pour découvrir le visage de sa chose et sentit en lui une montée de désir en s'apercevant que son regard n'était plus vide mais fortement inquiet.
L'homme la tira brutalement à lui. La voir se débattre en poussant de petits cris lui donna de l'ardeur et il se mit à la caresser et à la frapper. Quand il en eut assez il la perça enfin et ce fut avec des frissons de plaisir intense qu'il sentit la fine membrane de l'hymen se déchirer - Arkonius jouissait pour ces choses là d'une sensibilité exacerbée - et que la fille gémit de douleur.
Sans plus y faire attention, il rabaissa sa toge, la lissa et ils arrivèrent à sa demeure.
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Le lendemain soir, quand il entra dans sa chambre, il se demanda si le mage avait dit vrai à propos de la soi-disant virginité éternelle de sa marionnette. Celle-ci était attachée sur le lit et lui jetait des regards affolés. Arkonius se jeta sur elle et alla droit au but, sans aucun préliminaire. Il adorait forcer le passage, et ainsi, faire plus de mal. La souffrance était ce qui plaisait au Grand Valnor. Et accessoirement à l'archiprêtre. Au contact de l'hymen neuf, il éclata d'un rire de victoire puis rompit les liens, repoussa la marionnette au fond du lit et s'endormit.
En journée, tandis qu'il guidait ses fidèle sur le chemin de la foi et de la dévotion à Dieu (et qu'il glissait mine de rien dans leur tête que les shalos, ces pécheurs de l'ombre, étaient des indésirables sur Adreis), sa chose était enfermée dans la chambre avec un peu de nourriture et d'eau. Mais elle n'absorbait rien. Arkonius ne la forçait pas, son état ne le préoccupant pas le moins du monde. Ce qui importait était qu'elle fût toujours là à la tombée de la nuit.
Le surlendemain soir, il ne la trouva pas dans la chambre. Il ne s'en soucia pas, sachant qu'il n'y avait aucune issue. Elle était quelque part. Et l'attente rendrait la suite plus amusante, songea-t-il avec un air sadique.
Laissant juste quelques torches flamber, il alla s'étendre sur le lit, nu comme une grosse limace visqueuse. Dans la pénombre il attendit, guettant le moindre bruit et ne tarda pas à entendre une respiration saccadée qui voulait se faire discrète mais que la panique empêchait de calmer. Arkonius sentit avec délice une partie de lui se raidir. Roulant sur le lit, il s'approcha du bord, se pencha et passa sa tête sous le sommier. Elle était là, prostrée, tremblante, la tête entre les bras et les yeux fermés. Il se délecta quelques secondes de cette vue et lâcha de sa grosse voix :
- BOUH !
La marionnette tressaillit d'effroi. Ah que c'était bon ! Il la tira sans ménagement de là-dessous (elle ne pesait rien) et la jeta brutalement sur l'édredon. La pauvre petite chose se recula vers la tête de lit en gémissant, gardant fixés sur l'archiprêtre de grands yeux apeurés. Arkonius ne se sentait plus de joie. Iskandar était fourbe, mais il avait raison : elle était parfaite ! Une peau de pêche, de délicates courbes de jeune femme mais un visage de petite fille terrorisée. Recroquevillée sur elle-même, tentant en vain de se protéger, elle paraissait encore plus menue, plus fragile.
Et le meilleur dans tout ça : c'était chaque fois la première fois. Il prenait toujours un plaisir immense et malsain à voir son visage horrifié qui savait que ça allait recommencer encore et encore. Comme la veille. Et le lendemain. La déchirer, la blesser, la posséder, la faire souffrir, c'était l'extase pour lui. Surtout en sachant qu'elle aurait toujours aussi mal, que ce ne serait jamais plus facile pour elle.
Il s'amusait tant que dans le feu de l'action il la mordit sauvagement à l'épaule. Jusqu'au sang. Arrachant à la pauvre créature de nouveaux cris de détresse tandis qu'il se finissait avec un râle de jouissance. Une fois vidé, il resta un moment sur elle, l'écrasant de tout son poids et l'étouffant à moitié. La sensation du corps fin tremblant de terreur tout contre lui excita de nouveau l'archiprêtre. Mais l'homme était fatigué. Se sortant d'elle, il roula sur le lit et repoussa des pieds le corps inerte qui tomba mollement au sol sans même faire un bruit. Enfin, il se pelotonna sous les couvertures, apaisé et content de lui.
Et il dormit bien, l'immonde Ilymis. Tandis qu'elle gisait par terre, abandonnée, affaiblie, profondément meurtrie. Un petit tas de souffrance et de peur qui n'avait pas demandé ce qui lui arrivait, qui attendait la mort comme une délivrance, mais sans la force ni les moyens de l'attirer ou la provoquer. Au fil des jours qui passaient elle perdait les sensations telles la faim et le froid. Elle n'arrivait même plus à penser. Il ne lui restait que la douleur et l'horrifiante certitude que la torture se reproduirait sans fin.
Mais finalement, cela ne recommença pas.
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Alors que le soleil était haut dans le ciel, un messager se présenta à la demeure de l'archiprêtre. Le parchemin qu'il lui tendit était scellé du sceau fatal : celui des adeptes du Grand Valnor. La lettre indiquait que plusieurs attaques d'ombres de Shua et de monstres avaient eu lieu dernièrement et à divers lieux dangereusement proches d'Ilimir. Pour calmer le Seigneur de Shua, il fallait faire un sacrifice dès le soir venu. Et c'était à Arkonius de fournir l'élue du jour. Une élue qu'ils espéraient spéciale, telle qu'il conviendrait à Valnor.
L'archiprêtre fulmina contre ces mercenaires incapables de défendre la cité de Dieu, puis donna ses ordres. Il fit atteler son carrosse le plus discret et préparer la fille dans la chambre. Il fallait que tout soit prêt pour la tombée du jour. On ne plaisantait pas avec le culte de Valnor, l'affaire était tout ce qu'il y avait de plus sérieux.
Arkonius fut tendu toute la journée. Puis le soir tomba. C'était l'heure d'y aller. C'en était fini de passer le temps avec la créature. L'ange qu'elle était devait revenir à sa fonction première : l'immolation…